L'instant Retrograph #1

Draisienne - 1817 et Vélocipède à moteur - 1871

La généalogie moto est vieille de plus de 150 ans et même plus pour ses origines à propulsion musculaire. Aujourd’hui, voici l’aube des temps motocyclistes, naissance d’une fusion.

L'instant Retrograph : Draisienne et vélocipède à moteur

L’ancêtre indirect

Au commencement était… la draisienne. Sans elle point de motocyclette, de bécane, de meule et autre brêle. Oui, même s’il est parfois devenu pénible pour nous dans la circulation actuelle, cet ancêtre du vélo l’est aussi de nos machines. On la doit, déjà, à un Allemand… le baron Karl Drais von Sauerbronn. Elle fait même l’objet d’un brevet déposé en 1818 par Louis-Joseph Dineur, mandataire du noble teuton. La draisienne est alors formée d’un cadre de bois relié aux roues par fourche fixe et haubans massifs. Bien sûr dépourvue de moteur, sa mise en mouvement se fait par la force des jambes. L’invention connaît bientôt un joli succès en France et, le 5 avril 1818, l'inventeur en fait même une démonstration dans les jardins du Luxembourg. Outre-Manche, cet engin est appelé hobby-horse ou dandy-horse. Des cours de conduite sont organisés et même des courses ! En 1829, celle organisée aux environs de Munich rassembla… vingt-six participants.

Cependant, la draisienne reste une machine lourde (quarante kilogrammes environ), inconfortable et bien entendu par sa conception (et les bonnes mœurs) réservée aux utilisateurs masculins des classes aisées. Une fois l'effet de mode passé dans un monde largement dominé par le cheval, elle tombe dans un oubli relatif dès les années 1830. De nouveaux modèles apparaissent tout de même à la fin du XIXe siècle, dotés de roues plus petites qui rendent l’engin plus maniable et facile d’accès.

Ainsi débuta la genèse du premier type de vélocipède, dénommé comme tel légalement. Il fut ensuite nettement amélioré par l'artisan serrurier Pierre Michaux, en 1861, inventeur présumé de la pédale. Il produit alors une machine appelée « vélocipède-Michaux » ou michaudine. Toujours couteux, l'engin connaît à nouveau un certain succès dans la haute société, emmené d’ailleurs par le fils de Napoléon III. Le vélo prend son envol auprès d'une bourgeoisie en mal de sensations fortes, entraînée par quelques célébrités comme Alfred Jarry ou Émile Zola.On verra ensuite des grand-bi, peu pratiques, mais surtout une modernisation du cycle, déjà très proche des vélos actuels dès 1890 et sa popularisation par industrialisation.

L’ancêtre direct

La révolution qui nous concerne nait en 1871 : c’est le vélocipède à vapeur et propulsion par la roue arrière construit par Louis-Guillaume Perreaux. Lui seul préfigure la moto : c'est le premier cyclomoteur. Construit avec les établissements Michaux, un modèle est toujours visible au musée d'Île-de-France à Sceaux. Baptisé "un vélocipède à grande vitesse", il est breveté le 26 décembre 1868. À ce moment, l’engin optimise seulement le rendement d’un vélo en utilisant un système à volant d’inertie pour récupérer l’énergie et la restituer ensuite à un moment choisi afin de réduire l’effort à fournir. Perreaux installe ensuite un moteur à vapeur sur son invention en 1871 et fait de sa réalisation la première moto au monde reconnue et certifiée. Le réservoir était dans le cadre et le brûleur pouvait fonctionner au pétrole, à l’huile ou à « l’esprit de vin », c'est-à-dire à l’alcool.

Le plus remarquable est la compacité du moteur à vapeur de Perreaux, loin des réalisations massives d’autres engins mobiles de l’époque. Le vélocipède à vapeur sera présenté au public à plusieurs reprises, notamment lors de l'exposition universelle organisée à Vienne en 1873, en 1876 à celle de Philadelphie, ou encore à celle de Paris en 1878.