Alerte sur l'état des routes en Île-de-France
La Cour des comptes tire la sonnette d'alarme dans un nouveau rapport
Manque de financement et direction fragmentée fragilisent un réseau complexe très fréquenté
En mars 2022, la Cour de Comptes livrait un rapport sur l'entretien des routes nationales et départementales et tirait la sonnette d'alarme face à l'état alarmant d'une partie du réseau non concédé, soulignant un désengagement toujours plus important de l'État.
Dans le prolongement de ces travaux, la Cour a poursuivi ses observations en se concentrant cette fois-ci sur la gestion du réseau routier de l'État en Île-de-France. Encore une fois, le bilan est assez négatif : "Un réseau dense, ancien et en mauvais état, à rénover et moderniser." On peut difficilement faire plus clair.
Les 621 kilomètres de routes nationales d'Île-de-France voient défiler chaque jour près de 4 millions d'usagers. Le réseau présente par ailleurs quelques particularités en raison de sa densité : 312 échangeurs, 1.117 ponts, 53 aires de services, 426 écrans acoustiques, 397 panneaux à message variable et 2.632 caméras pour surveiller le tout.
À l'image d'une bonne partie du reste du réseau national, la gestion est déconcentrée de l'État et ici assurée par la DiRIF (Direction des routes d'Île-de-France) qui mobilise 900 agents et dispose d'un budget d'entretien et d'exploitation de 170 millions d'euros auquel viennent s'ajouter environ 120 millions d'euros pour la modernisation du réseau.
Seulement voilà, le rapport le montre bien : le réseau francilien présente un état préoccupant, le pire du pays à en croire la Cour des comptes. Et c'est là le résultat de plusieurs facteurs, non seulement parce que les routes sont vieillissantes, mais aussi par la gestion de DiRIF est trop fragmentée et parce que le budget alloué parait bien insuffisant.
Ces dernières années, plusieurs incidents d'ampleur sont venus impacter le réseau francilien, que ce soit en 2018 avec l'affaissement de la chaussée sur le viaduc de Gennevilliers sur l'A15 ou l'an dernier avec la fermeture pour plusieurs semaines de l'A13 suite à la découverte de fissures dans la chaussée.
Pour éviter d'autres incidents qui mèneraient à une crise du réseau routier, la Cour des comptes a formulé 13 recommandations visant à mieux coordonner les actions des différents centres d'exploitation de la DiRIF, à mieux évaluer les caractéristiques de la circulation et renforcer les contrôles des ouvrages pour assurer un meilleur entretien courant plutôt que de procéder à des réparations plus couteuses.
Les recommandations de la Cour de comptes
- Recommandation n°1 (DiRIF, 2026) : Se doter des outils informatiques permettant l’accès à un inventaire quantitatif et qualitatif du patrimoine et la gestion de sa maintenance.
- Recommandation n°2 (DiRIF, 2026) : Se doter des moyens d’estimer et de suivre le niveau de la circulation sur toutes les routes nationales en Île-de-France en distinguant les différentes catégories de véhicules.
- Recommandation n°3 (DRIEAT, DGITM 2026) : Mettre à niveau les paramètres indispensables de MODUS, en particulier en intégrant les données factuelles les plus récentes (fréquentation, trafics, prix, coûts) et rendre publiques de nouvelles prévisions.
- Recommandation n°4 (DGITM, 2026) : Procéder à une évaluation socio-économique des opérations d’entretien des chaussées en vue de la répartition des crédits correspondant entre les directions des routes métropolitaines
- Recommandation n°5 (DGITM, DiRIF, 2026) : Établir une programmation pluriannuelle définissant des priorités d’investissement dans l’entretien du patrimoine routier, ainsi que des programmes d’amélioration des itinéraires (PAI) correspondant à des priorités objectivées.
- Recommandation n°6 (Préfet d’Île-de-France, 2026) : Préciser les mesures du plan de protection de l’atmosphère visant au contournement de la région par les poids lourds et à l’abaissement des vitesses maximales autorisées sur le réseau routier national non concédé.
- Recommandation n° 7 (DiRIF, DGITM, 2026) : Déployer l’outil PRISM à la DiRIF dans toutes ses fonctionnalités afin de permettre, notamment, un suivi des activités d’exploitation des agents.
- Recommandation n° 8 (DGITM, DiRIF, 2026 : Mettre en place des objectifs annuels de performance de l’exploitation du réseau assurée par la DIRiF, assortis d’indicateurs chiffrés.
- Recommandations n° 9 (DGITM, DiRIF, 2026) : Relancer les démarches d’amélioration de la sécurité routière sur le réseau national en Île-de-France relevant de la DiRIF pour en tirer les conclusions opérationnelles en matière de gestion, d’entretien et d’aménagement des routes nationales.
- Recommandation n°10 (Ministère, 2026 : Renforcer l’animation et le pilotage de la DIRIF par la DGITM
- Recommandation n° 11 (DGITM, 2026) : Définir un programme exhaustif d’audits de la DiRIF et diligenter, au plus tard trois ans après le premier, un nouvel audit sur le même thème, aux fins de faire le bilan des suites apportées.
- Recommandation n°12 (DiRIF, 2025) : Poursuivre la rationalisation des pratiques et de l’organisation de la DiRIF.
- Recommandation n°13 (DRH des ministères, DGITM, 2026) : Dresser un bilan annueldu respect de la règlementation en matière de gestion du personnel dans toutes les unités de la DiRIF.
Commentaires
Je me permets une petite rectification du titre :
27-06-2025 08:15Alerte sur l'état des routes en
Île-de-FranceQuelle surprise! La route qui passe devant ma propriété n'a pas été gravillonnée depuis au moins 25 ans, tous les ans on pose de l'enrobé à froid pour boucher les trous.Avec le passage d'engins agricoles de plus en plus lourds, elle se déforme.
27-06-2025 08:33Chacun sait que cette route qui dessert peu d'habitations sera probablement jamais refaite.
Cela me fait penser aux routes que j'empruntais en Roumanie il y a 25 ans aussi.
A la différence c'est qu'en Ile de France un jour ou l'autre on se penchera sur la question, chez moi la route étant de la responsabilité d'une commune de 350 habitants, peut être jamais.
La France et ses deux vitesses.
Ce n'est pas une surprise. POur fréquenter les routes de France je vois que le réseau en province est mal entretenu. Bosselé, gravillonné de partout aux beaux jours avec des bas cotés douteux mais contrairement à l'ile de france j'y rencontre beaucoup moins de nid de poule.
27-06-2025 10:09Economies sur l'entretien, sous-investissement, transfert aux collectivités locales, sous-traitance, font que les infrastructures de transport (train, routes, voies fluviales) sont en mode dégradé continuellement.
27-06-2025 10:42Il va falloir relancer l'investissement et la planification des travaux sur le long terme car c'est l'avenir économique du pays qui se joue dans l'entretien des voies de transports des marchandises et des salariés. Penser à l'échelle d'une agglo n'est pas suffisant, la France étant traversée par une quantité importantes de camions circulant du Nord au Sud et vers l'Est de l'Europe. Tous le monde le sait depuis des années mais tant que ça tient les gouvernements qui se succèdent jouent la montre pour laisser le dossier au suivant.
Ce n'est pas comme si il y a eu le cas du "nid d'autruche" de la A15 à hauteur de Cergy.

27-06-2025 11:27Il y a même eu tentative de conciliation à l'amiable par l'Etat suite à une plainte déposée
Là, ça a été médiatisé parce que c'est un axe majeur, et qu'il y a eu beaucoup de problèmes... un peu un iceberg...
En moto, nos roulements de direction et nos jantes fines tolèrent encore moins ce genre de chocs
Voilà l'effet de 5 décennies de baisses continues d'impôts.......
27-06-2025 11:43Amusant, le LFIste de ce matin parlait de baisse de la recette des impôts justement... mais même lui n'a pas osé dire que les impôts ont baissé
Salut
27-06-2025 12:01[attachment 41708 Capturedcran2025-06-27120021.png]
V
Quand j'ai vu ton pseudo en dernière réponse, j'étais certain de ta réponse
27-06-2025 12:12Exemple de routes pricipales et secondaires à voir en Slovénie.... Vraiment impréssionnant elles sont nickels !
27-06-2025 14:14